Pride, Paillettes et Pavé dans la Mare !

Avouons-le, cela faisait des années que nous nous plaignions de slogans trop mous, trop apolitiques, pour la Pride parisienne. Non pas que nos demandes soient apolitiques – nous sommes queers, chacune de nos revendications pour l'égalité en droits EST politique, n'en déplaise aux fâcheux. Sûrement préféraient-ils quand le pinkwashing transformait nos luttes en goodies folkloriques ?

Mais cette année, alors que Trump et ses sbires s'attaquent massivement aux LGBT aux États-Unis, que l'Angleterre sombre dans une transphobie d'État (un vieux compte à régler avec Jeanne d'Arc, sans doute ?), que l'Ouganda vote des lois d'une violence inouïe, que les "thérapies de conversion" continuent de sévir y compris en Europe, que nous sommes encore des criminels dans 69 pays, et que oui, même en France, où certains voudraient nous faire croire qu'on a déjà tout gagné, la lutte pour nos droits est loin d'être terminée, il est impératif que les slogans de nos Prides soient intégralement, radicalement politiques. Nous devons le marteler, parce qu'il faut croire que certain·es ont la mémoire courte : TOUS NOS DROITS ONT ÉTÉ ACQUIS PAR LA LUTTE. L'hétéro-patriarcat ne nous a jamais rien donné de son plein gré ; nous lui avons tout arraché, et nous continuerons.

Alors, voilà donc que sort l'affiche de cette Pride parisienne au slogan révolutionnaire : « Contre l'internationale réactionnaire, queers de tous les pays, unissons-nous ! ». Quelle tourmente dans le Landerneau des bonnes mœurs ! Au moment même où les Trump, Orban, Poutine, MBS et autres s'acharnent sur nos sœurs et frères à travers le globe, l'Inter-LGBT française OSERAIT s'y opposer ? Et que dire du visuel ? Quelle subversion ! On y voit une joyeuse bande, reflet de la diversité française et, cerise sur le gâteau, un facho mis KO. C'est l'image de nos espoirs : la réaction à terre, vaincue par notre front uni. Forcément, une telle audace, je comprends la peur à droite… La réponse ne s’est pas faite attendre : pression, lobby de la haine LGBTphobe jusqu'au plus haut sommet de l’État. Rien de nouveau ici, mais toujours autant de déception. Et bien sûr, sa meute a suivi. Pecresse, cette bigote, qui marchait avec Civitas à la Manif pour Tous, qui aboie et coupe les vivres de la Marche des Fiertés. Elle n'attendait que ça. Le signal pour nous lâcher. C'était écrit.

Ne soyons pas dupes. Ces gens-là, qui hurlent au scandale pour une affiche, je les ai vus à l'œuvre. Je les ai vus, en 2024, déposer leurs amendements dégueulasses pour empêcher que les « thérapies de conversion » soient reconnues comme des tortures sectaires. Ils n'étaient pas dérangés. Non. Ils protégeaient les tortionnaires. Et que dire de ceux du RN, qui essaient de se faire passer pour nos défenseurs après nous avoir traités de « sidaïques » ? Ceux-là mêmes qui ont essayé de torpiller la loi portant réparation des personnes condamnées pour homosexualité entre 1942 et 1982. Oui, ils voulaient nier que la France avait organisé une homophobie d'État. Et sur ce point, je dois le reconnaître, le Garde des Sceaux de l’époque, Éric Dupond-Moretti, a eu les mots justes face à eux, malgré tous nos désaccords. De Sébastien Chenu du RN à Ariel Weil du PS, ils sont venus nous faire la leçon. Mais leurs leçons de morale, ils peuvent se les garder.

Assez joué. Le message doit être clair : on ne lâchera rien. Pas un droit. Et on se battra pour tout le reste.

Car voilà le fond de l'affaire. On nous reproche un soutien aux Palestiniens ? Notre lutte pour l'émancipation ne s'arrête pas aux frontières. Être queer, c’est comprendre que les systèmes d’oppression se nourrissent les uns les autres. Notre solidarité n'est pas un menu à la carte, elle est un bloc. On nous reproche d'être "trop politiques" ? Mais qui sont-ils pour décréter la juste dose de politique acceptable, eux qui utilisent les leviers de l'État et le chantage à la subvention pour nous asphyxier ? L'hypocrisie est totale.

Pensaient-ils nous intimider ? C'est mal nous connaître. En voulant éteindre la flamme de la contestation, ils ont prouvé à quel point notre slogan était juste et nécessaire. Le résultat n'est pas la division, mais la mobilisation.

Alors oui, la subvention est une arme de nos adversaires ; il faudra y trouver une réponse, mais en attendant, soutenons la Marche des Fiertés de Paris. https://www.helloasso.com/associations/inter-lgbt/formulaires/2

Cette Pride sera donc, comme à ses débuts, politique. Et elle sera une réussite éclatante, non pas malgré leurs attaques, mais grâce à elles. Nous marcherons pour nos droits ici, en France. Nous marcherons pour nos sœurs et frères du monde entier, écrasé·es par cette internationale réactionnaire. Nous marcherons contre celles et ceux qui, du gouvernement à la région, se font les complices de cette offensive. Chaque pas sur le pavé sera une réponse. Chaque drapeau, un acte de défi. Chaque voix criant notre Fierté, un message clair envoyé à nos ennemis : vous avez déclaré la guerre, mais c'est nous qui gagnerons la bataille. Notre Fierté est un rempart. Et face à leur monde de haine, nous opposerons toujours notre projet de société : celui de l'amour, de l'égalité et de l'émancipation pour toustes.

Rendez-vous dans la rue. À Nantes le 14 juin et à Paris le 28 juin.

Queers de tous les pays, unissez-vous !

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